C’est une nouvelle fois par la presse que les salariés d’AIRBUS ont appris l’arrêt du projet NIS (nacelle Integrated Solutions), qui consistait à développer et produire en interne les nacelles des moteurs Pratt Whitney de l’A320 NEO.
Cette annonce intervient au lendemain du plan de soutien de la filière aéronautique qui a conditionné une partie des aides publiques au maintien des charges de travail et des emplois.
Cette annonce va impacter les sites de Nantes et de St Eloi fortement impliqués dans ce projet.
Pour le site de Nantes, les investissements représentent 57 millions d’euros, et les premiers éléments devaient être produits dans seulement 2 mois. Ce projet représentait une reconnaissance des savoir-faire déjà présents dans l’établissement, savoir-faire qu’Airbus doit impérativement maintenir en interne pour garantir un haut niveau d’expertise sur les composants aérostructures.
Pour le site de St Eloi, l’arrêt du projet NIS a un fort retentissement, notamment sur le site de St Eloi Satellite qui devait accueillir l’assemblage des nacelles ainsi que l’intégration sur le moteur. Les démonstrateurs étaient prévus pour fin 2020.
Au global, le projet NIS était l’assurance pour Airbus de conserver la maîtrise d’un composant essentiel (avec les mats réacteurs) pour l’intégration dans l’avion des motorisations du futur qui devront répondre aux enjeux environnementaux.
Comment les salariés doivent-ils considérer cette annonce ?
Le plan de soutien a mis 1.5 milliards d’euros sur la table pour la R&D et Airbus préfère protéger son cash-flow au détriment de la recherche vers l’avion du futur. C’est un véritable gâchis industriel et social. Déjà en baisse d’activité, que vont devenir les salariés dédiés au projet NIS que ce soit au bureau d’études, aux méthodes, en production ?
Les raisons de l’arrêt sont obscures. Elles seraient uniquement liés à la protection du cash flow si on en croit le courrier envoyé aux salariés impactés sur le projet, mais rien n’est dit sur les accords commerciaux passés avec UTC, ni sur des éventuelles contreparties financières pour rembourser les investissements qui seront mis à la benne ! L’arrêt du projet NIS s’additionne avec les autres projets novateurs que la Direction a stoppés : le e-FanX, le e-Taxi, … Cela représente des pertes d’activité et d’emplois, et sur le plan de la stratégie industrielle, on peut s’interroger sur « y-a-t-il encore un pilote dans la stratégie industrielle d’Airbus ».
Le plan de soutien de la filière aéronautique engage les constructeurs à mettre en service un avion régional à GES neutre en 2030, et un remplaçant de l’A320 en 2035. Pour tenir ces objectifs ambitieux d’une reconquête du ciel, cela doit passer par une volonté d’investir dans la R&D et de lancer un nouveau programme d’avion de transport régional.
Les annonces à venir d’Airbus doivent répondre à cette forte attente des salariés de la communauté de travail, que ce soit les salariés d’Airbus mais aussi les salariés des entreprises sous-traitantes de la filière aéronautique.