Un parachute doré de 36,8 millions d'euros pour le patron d'Airbus Tom Enders

Rédigé le 02/04/2019

Tom Enders doit quitter Airbus le 10 avril prochain avec un parachute doré de près de 37 millions d'euros. C'est ce que révèle ce mardi le journal Le Monde qui relaie le calcul effectué par Proxinvest, l'agence française d'analyse de gouvernance. Réactions des salariés d'Airbus.



Guillaume Faury, le futur président exécutif d'Airbus prendra la place de Tom Enders en avril © Radio France - Vanessa Marguet


Le montant du parachute doré du futur ancien patron d'Airbus s'élève à 36,8 millions d'euros.  Le quotidien Le Monde révèle ce mardi le calcul de l'agence d'analyse Proxinvest. Tom Enders percevra notamment une retraite chapeau annuelle de 1,3 million d'euros environ. Presque le record du CAC 40 détenu par le PDG de L'Oréal (1,57 million d'euros). Cette enveloppe globale ne sera pas soumise au vote des actionnaires lors de la prochaine assemblée générale, le 10 avril, date du départ de Tom Enders, car l’entreprise est de droit néerlandais.


2100 années de SMIC

C'est ce qu'on appelle un "parachute doré". C'est l'équivalent de plus de 2100 années de SMIC qui vont lui être versé quand il quittera Airbus.

Du côté des salariés d'Airbus, la nouvelle fait son petit effet, à la sortie du site toulousain de Saint-Martin du Touch


« Si on a décidé qu’il devait partir avec une telle somme, moi je ne suis pas contre. Airbus marche bien. Quand il y a une société qui ne marche pas, qui est déficitaire, je conteste les patrons qui partent avec du négatif, mais là, elle marche bien la boite » se félicite Michel, salariés qualifié sur les calculateurs électroniques. 

« Ça peut être justifié par rapport aux responsabilités, mais il faudrait qu’il en redistribue un peu à tous salariés qui ont travaillé pour lui pour accélérer les cadences de livraisons – dit Francis, salarié sous-traitant d’Airbus – d’autant que l’arrêt du programme A380, c’est un coup de moins bien par rapport à ce qui était prévu, mais bon, c’est comme ça . »

Je pars à la retraite l’année prochaine, mais avec beaucoup moins ! ironise David, mécano des essais en vol. Tant mieux pour lui, c’est pas trop normal, mais bon, c’est les patrons ! »

 

Le grand décalage

Tom Enders mérite t - il une telle prime de départ ?  Certe, Airbus se porte bien, mais la somme est démesurée, estime Christophe Lloret le délégué central CGT chez Airbus à Toulouse.

Ça ne rime à rien parce qu’il y a un tel décalage entre un salarié ici qui va faire les équipes et qui va gagner 1700€ par mois à mettre des rivets sur des avions, et Tom Enders qui s’en va avec 37 millions d’€, c’est scandaleux, il y a un décalage trop important. 

"Comment un homme peut mériter des sommes aussi importantes et creuser un fossé avec des salariés à l’autre bout de la chaine. D’autant qu’on vient de négocier les salaires , la direction nous dit attention il ne fait pas trop augmenter les salaires, la concurrence, restons compétitifs, et même temps, le grand patron s’en va et on lui met pas loin de 38 millions dans la poche. »

Tom Enders passera la main le 10 avril à Guillaume Faury, l'actuel patron de la branche aviation commerciale d'Airbus. Il part après une dernière grosse commande de 300 avions par la Chine pour un montant estimé à 30 milliards d'euros au prix catalogue, mais aussi après l'annonce de la fin du programme A380 faute de commandes.

La direction avait annoncé en février la fin de la production d'A380 en 2021. Le géant des airs avait beau être le chouchou du public, il ne se vendait pas et la décision de la compagnie Emirates de transformer 39 de ses commandes en autres appareils Airbus a définitivement scellé le sort du superjumbo. Une décision très "douloureuse" pour Tom Enders, le patron du groupe, qui rappelle que cet avion emblématique continuera à voler au-delà de 2030 car il y a près de 200 modèles en circulation dans le monde. Fin mars, la Chine avait acheté 300 avions à Airbus, 290 A320 et 10 A350.